vendredi 23 décembre 2011

Le monde de Sophie

(Jostein Gaarder – publié en France en 1995)


Il y a assez longtemps, pendant que je lisais La République de Platon (oui, j'ai des folies comme ça...), on m'avait parlé de ce livre. Sur le coup, j'avoue ne pas avoir fait très attention; on m'avait dit que c'était un livre qui traitait de philosophie et qui était assez abstrus. Déjà, avec La République, j'étais servie alors j'avais plutôt en tête de finir rapidement le pavé que je lisais pour aller m'abrutir avec autant de BD niaises ou comiques que possible après.
Puis, bien plus tard, on m'en a de nouveau parlé mais cette fois-ci, pour me le conseiller, étant, me disait-on, un bon livre d'initiation à la philosophie (qui est l'une des matières qui m'intriguait le plus au lycée). Cette fois-ci, j'ai écouté mon entourage et je l'ai acheté pour le lire. C'est ainsi que je peux vous parler de ce livre initiatique norvégien.


Le monde de Sophie est en effet une bonne initiation à la philosophie. Il raconte l'histoire de Sophie, une jeune fille banale de 14 ans, qui trouve un jour dans sa boîte aux lettres une lettre où il y était simplement écrit « qui es-tu ? ». Elle commence ainsi à s'initier à la philosophie, grâce à cette correspondance mystérieuse grâce à laquelle elle reçoit des cours de philosophie, tout en essayant de résoudre certains mystères, comme l'identité de l'expéditeur...
Pour moi, ce roman se coupe en deux parties assez distinctes: dans la première partie, les cours de philosophie que Sophie reçoit ont une grande importance, au point que tout ce qui se passe autour peut paraître inutile et dans la deuxième partie, c'est l'histoire du roman qui reprend le dessus et qui s'avère étonnamment bien (oui, je ne m'y attendais pas du tout, personnellement...).

L'histoire, en effet, est bien menée et est vraiment intéressante. Les cours de philosophie, quant à eux, sont bien rédigés et sont beaucoup plus agréables à lire qu'un livre scolaire, je peux vous l'affirmer. En outre, je pense que c'est une bonne idée d'initier les gens à ce domaine par le roman, puisque les romans touchent n'importe qui.
Néanmoins, comme il est relativement épais (618 pages aux éditions Points), il peut faire fuir certains lecteurs du dimanche. De plus, je pense que pour que quelqu'un se lance dans ce livre, c'est qu'il est déjà un peu intéressé par la philosophie; il n'est donc pas aussi ignorant dans ce domaine que l'est l'héroïne au début du roman.

Pendant que j'en suis à parler de l'héroïne, parlons des personnages. Ils sont... fades. Inintéressants. Ce n'est même pas qu'ils sont banaux, c'est juste qu'ils sont vides. On ne s'attache pas du tout à eux. De plus, ils ont parfois des réactions complètement décalées. Prenons l'exemple de Sophie: elle reçoit des cours de philosophie et elle le cache à ses parents. Mais pourquoi donc le cache-t-elle à ses parents ? C'est pas un crime de recevoir des cours de philo, non ? Et puis, qui peut bien réfléchir à la question « qui es-tu ? » écrite sur une lettre anonyme aussi sérieusement ?
Enfin bref, les protagonistes ne sont donc pas attachants. Et c'est d'ailleurs un point à souligner: On apprécie ce livre intellectuellement, et non sentimentalement. L'histoire est intéressante car bien pensée mais en aucun cas parce qu'elle nous touche. Le livre nous porte à réfléchir, et non à sentir.

L'auteur est en effet professeur de philosophie et d'histoire des idées avant d'être romancier et le but de son roman étant l'initiation à la philosophie, il porte plus à la réflexion qu'à autre chose. Cependant, ce n'est pas non plus un livre philosophique de Platon ou de Schopenhauer. On n'est pas obligé d'être constamment concentré sur chaque mot que l'on lit afin de bien comprendre ce qu'ils (sous-)entendent. Non, cela reste un roman adressé aux adolescents où l'écriture est fluide et où le livre se lit très bien, même dans un état de fatigue avancé.


Pour conclure, Le monde de Sophie est un roman très intéressant qui initie très bien à la philosophie (puisque c'est son but) grâce notamment à son écriture fluide et à une histoire qui met certes longtemps à se dévoiler mais qui s'avère passionnante. Mais il faut souligner que ce roman s'apprécie principalement intellectuellement et non parce que les personnages sont attachants, puisqu'ils ne le sont pas. De plus, la longueur, le fait qu'il traite de philosophie ainsi que la prépondérance des cours de philosophie dans la première moitié du roman peut en rebuter certains, même si c'est ce qui m'a encouragé à le lire.
Je le conseille donc tous ceux qui s'intéressent un tant soit peu à la philosophie ou du moins qui n'ont aucun à priori négatif sur le sujet.